« Sur comment », le début de la fin

Une tournure, ou plutôt une famille de tournures, est en train de se généraliser à grande et désolante vitesse.

– Elle a écrit un livre sur comment faire pour…

C’est un anglicisme.
– She has written a book on how to…

C’est une épidémie.

– Nous avons débattu de pourquoi les jeunes générations…
– Nous allons réfléchir à quand il faut commencer…
– On s’interroge s’il faut y aller ou pas.

Écoutez bien, tout le monde emploie ces tournures. Tout le monde y compris le Premier ministre, y compris les invités (et non les producteurs) des émissions de France Culture. Comme je viens de le lire sur le forum de Projet Voltaire, « on peut ergoter sur les anglicismes ou une tournure, pas sur le squelette même de la langue, censé être assimilé par tous à l’entrée en 6e ! »

Il n’y a pas si longtemps, on aurait dit :
– Nous allons réfléchir à la manière de…
– Nous avons débattu des raisons pour lesquelles…
– La réunion portera sur l’avancement du projet.
– On se demande s’il faut y aller ou pas.

Le pire est encore à venir car, on n’est plus très loin, désormais, de :
– Je sais pas c’est quoi un pédoncule.

Même liaison fautive de deux propositions, dont la seconde exprime une interrogation indirecte.

Cette notion d’interrogation indirecte, j’ai cherché un moment dans le Grevisse avant de la trouver dans le dernier chapitre du livre, juste avant l’index. Elle ne m’avait laissé aucun souvenir scolaire, tellement sans doute son emploi allait de soi.

Les propositions exprimant l’interrogation indirecte commencent par les mêmes mots qui caractérisent l’interrogation directe. L’interrogation indirecte est amenée, non seulement par des verbes contenant explicitement l’idée d’interrogation, mais aussi par des verbes comme dire, savoir, etc. ou par voici, voilà. Ces propositions sont le plus souvent des objets directs, mais elles peuvent avoir d’autres fonctions, celle de sujet notamment (ex.: Peu importe qui l’a fait).

Si la proposition pouvait être complément d’objet indirect, la définition le mentionnerait explicitement, la fonction sujet étant beaucoup plus rare.

Conclusion :

Pas d’interrogation indirecte après des verbes intransitifs tels que débattre, réfléchir, porter sur, s’interroger, etc.

Donc pas de si  après ces verbes.

Et pas de sur comment, à pourquoi, à quand, de combien, etc.

Voilà, voilà.


Publié

par

Étiquettes :